top of page

Utiliser la voix avec le cheval

image.jpg

Travailler un cheval à la voix, c’est l'appréhender  dans sa dimension d’être vivant, sensible et pensant.

 

C’est :

 

-  le placer au centre des choses

-  partir de lui, de ce qu’il est, de ce qu’il sait ou peut faire

-  avancer avec lui.

 

Que signifie tout cela ? 

Placer le cheval au centre des choses, c’est le considérer comme prioritaire par rapport aux exercices qui ne sont que des supports de travail, pour établir avant tout la compréhension mutuelle, le dialogue, la confiance et la complicité. C’est savoir l’écouter, essayer de le comprendre, individualiser le travail en fonction de lui.


Partir de lui, de ce qu’il est, de ce qu’il sait ou peut faire, sous-entend plusieurs choses : d’abord, une observation du cheval en matière de tempérament, de caractère et de personnalité, puis une évaluation du cheval en ce qui concerne son niveau d’avancement dans les apprentissages, avec la prise en compte de ses capacités physiques, enfin, une adaptation du travail avec une progression réfléchie, raisonnable et respectueuse.


Avancer avec lui veut dire l’accompagner, le soutenir, l’encourager, l’aider à comprendre ce que nous attendons de lui. Cela veut dire aussi ne pas forcer, ne pas contraindre, mais expliquer, répéter, décomposer les apprentissages si nécessaire, et prendre le temps dont le cheval a besoin, sans jamais être pressé.

La voix est un outil de communication auquel le cheval est très réceptif. Utiliser la voix permet d’aborder le cheval par son mental et son émotionnel, ce qui est complémentaire aux approches équestres traditionnels qui se préoccupent plus du physique. Dans les apprentissages, la voix sollicite les capacités cérébrales du cheval et sa réflexion. Celle-ci est soutenue par la pensée que la voix peut contrôler. Les apprentissages à la voix nécessitent toujours la participation de la conscience du cheval qui lui permet de maîtriser et non de subir les exercices, ce  qui va favoriser son autonomie et sa responsabilisation dans les réponses qu’il va apporter aux consignes qui lui sont données. 

 

 

VOICI QUELQUES GENERALITES CONCERNANT L’USAGE DE LA VOIX TELLE QUE JE LA PRATIQUE ET LA TRANSMETS:

 

  •  La voix avec le cheval, c’est 10% de mots et 90% d’autres composantes.

  •   Des formes de voix différentes sont utilisées, chacune ayant des aspects spécifiques bien définis, que le cheval comprend parfaitement. En voici quelques-unes parmi les plus utilisées:

    • La voix d’ambiance installe une atmosphère, un climat qui se veut sympathique et bienveillant, mais aussi dynamique et intéressant. Elle installe le cheval dans des dispositions favorables en matière d’émotions, d’énergie et de participation pour la séance qui va suivre

    • La voix d’interpellation est celle qui utilise des mots précis pour donner les consignes au cheval. Elle induit l’écoute instantanée, l’attention et la concentration immédiate du cheval.

    • La voix d’encouragement est la voix de travail principale : c’est elle qui explique au cheval que ce qu’il fait est juste, qu’il est sur la bonne voie, que sa réponse est bien celle qui est attendue. Elle permet aussi de lui apprendre les niveaux de réponse : moyen, bien ou très bien.

    • La voix d’accueil est la voix qui félicite le cheval à la fin d’un exercice, ou qui le reçoit après un exercice à distance. Elle correspond au relâchement après un travail. Elle valorise le cheval qui prend peu à peu conscience de sas capacités, et acquiert une réelle confiance en lui.

    • La voix d’accompagnement est celle qui intervient entre deux exercices, simplement pour garder la pensée du cheval avec soi, dans certains déplacements, par exemple pour se diriger vers un système au sol différent.

    • La voix tenue établit une connexion plus soutenue, qui permet d’obtenir une concentration beaucoup plus intense chez le cheval pendant un exercice.

    • La voix modérée est celle des connexions fines et plus subtiles avec le cheval. 

    • ...

 

Toutes les formes de voix s’utilisent avec des variations apportées par le timbre, aigu ou grave, le rythme, lent ou rapide, le registre vocal c’est-à-dire la musicalité, les intonations, montantes ou affirmatives, et diffèrent selon les chevaux auxquels elles doivent s’adapter. Elles sont régulièrement assorties du sourire qui est un composant essentiel de la communication verbale avec le cheval, générateur de bien-être et de plaisir, donc avec un impact émotionnel très puissant sur lui.

 

  •  La voix, ce sont des sons, des vibrations, qui donnent une « couleur » aux échanges avec le cheval, avec un impact émotionnel très important sur le cheval. Cette caractéristique permet de « réparer » certains traumatismes psychologiques en intervenant sur les images mentales négatives que se sont élaborés les chevaux lors d’expériences passées, en changeant la « couleur » des souvenirs.

 

  •  La voix efficace est celle qui s’adresse « au » cheval, pas simplement celle qui « parle ». Pour cela, elle fonctionne avec le regard du cheval, afin qu’il ne reste pas seulement dans l’écoute, mais qu’il reçoive réellement ce qui lui est adressé, avec une concentration accrue.

 

  •  La voix s’exprime avec un contenu qui nous est personnel et qui impacte automatiquement le cheval qui ne juge pas, mais qui fonctionne en regard de qui nous sommes en face de lui.

    • La voix nous présente au cheval, elle indique notre positionnement par rapport à lui, fort et non pas faible, mais toujours bienveillant.

    • Elle révèle notre état émotionnel : une voix trop sérieuse, une voix triste n’attire pas vraiment les chevaux. Un cheval est un animal qui aime la gaieté, qui a de la curiosité, et qui apprécie les voix qui génèrent des émotions positives.

    • Elle révèle notre état énergétique : le stress, la fatigue, le manque d’énergie ou l’hyperactivité sont immédiatement perçus par le cheval, avec des réactions diverses en retour.

 

  • La voix agit directement sur le cerveau du cheval et sur les sécrétions hormonales cérébrales : celles qui nous intéressent plus particulièrement sont l’ocytocine et le cortisol.

    • L’ocytocine intervient  sur les régions du cerveau qui régissent les comportements émotionnels et sociaux. Elle déclenche la sécrétion successive de plusieurs autres molécules : la dopamine qui stimule la motivation, donne du plaisir, de l’allant, et les endorphines génèrent une sensation de bien-être. L’utilisation maîtrisée de la voix permet de créer des relations bienveillantes et chaleureuses avec le cheval, et aide celui-ci à évoluer positivement. Cela augmente son sentiment de bien-être, de confiance, diminue son anxiété et son agressivité.

    • Une voix soutenante et bienveillante  favorise le développement de l’hippocampe. L’hippocampe est au cœur de tout apprentissage. Il fabrique des nouveaux neurones continuellement, et il est remodelé en permanence. Sa taille varie en fonction des apprentissages, des souvenirs. Le contact rassurant, sécurisant s’accompagne d’une augmentation du volume de l’hippocampe.

    • En situation de stress, les glandes surrénales sécrètent une hormone, le cortisol. Si le stress se prolonge, le cortisol en trop grande quantité agresse les neurones de l’hippocampe, freine leur multiplication, diminue leur nombre et peut les détruire. L’effet est désastreux sur les apprentissages et la mémoire. Le cortisol active l’amygdale, centre de la peur, altère l’hippocampe. L’esprit est paralysé par la peur. Le cheval n’est plus capable d’écouter ni d’apprendre. Il mémorise dans son amygdale les émotions de peur, d’angoisse, mais n’enregistre rien dans son hippocampe. Quand l’humain s’énerve, se met  en colère, crie, punit, il transmet directement son énervement, sa colère, son angoisse, sa peur au cheval. L’éducation par la peur est très nocive : la peur, les menaces  laissent des traces souterraines, délétères qui continuent à agir sur le long terme.

    • La voix est donc toujours obligatoirement positive et bienveillante. Elle n’est jamais dure, négative, désagréable, ce n'est pas nécessaire. Installer la qualité et le climat des relations, c’est-à-dire surtout la sécurité, la confiance, la douceur et l’empathie, n’est pas un accessoire utile et sympathique, c’est le terreau même qui conditionne tout le potentiel de la communication avec le cheval.

 

 

 

 

MA PHILOSOPHIE DE L’APPROCHE A LA VOIX

 

 

  1. Je m’adresse avant tout à un cheval en tant qu’animal, en tant qu’être vivant sentient, qui est en capacité de ressentir, de percevoir et d’être conscient de soi, des autres, de son environnement. Il ressent le bien-être et la douleur, le plaisir et la tristesse, et diverses émotions ; ce qui lui arrive lui importe. Ce fait lui confère une perspective sur sa propre vie, des intérêts à éviter la souffrance, à vivre une vie satisfaisante, etc…, avec une volonté et des désirs en ce qui le concerne. Le cheval est doté de réelles capacités cérébrales (pensées, observation,  analyse, réflexion, mémoire, imagination), de sentiments et d’émotions, d’une personnalité bien individualisée et d’un caractère propre.

​​

  2.  Un cheval pense et fonctionne comme un cheval : il a sa propre perception des évènements, une logique et un raisonnement qui ne            sont pas forcément les nôtres. Il nous revient de comprendre son fonctionnement et de nous y adapter. Cela induit la notion de          

       respect de ce qu’il est intrinsèquement, et souligne l’importance de la pédagogie à introduire dans les apprentissages.

 

  3.  Les résistances et les oppositions ne sont que des expressions du mal-être des chevaux. C’est pourquoi il est préférable de ne jamais        forcer, mais d’amener le cheval vers ce que l’on souhaite qu’il fasse, avec la recherche de son plaisir pendant le travail, qui  permet    

       d’obtenir sa coopération active.Les mots « Travail », « Exercices », n’ont pas de sens pour les chevaux. Ce sont des animaux sociaux        qui apprécient les « échanges » sympathiques avec les humains, pas le « travail » dont il ne voit pas l’intérêt. C’est le cheval qui doit          être placé au cœur de ce que nous appelons le travail, et non pas les objectifs à atteindre. Ceci n’exclut aucunement la technicité du          travail qui peut être menée très loin, quelles que soient les disciplines envisagées, mais « avec » le cheval et non « malgré » lui.

 

 JE TIENS COMPTE DE CERTAINS ÉLÉMENTS QUI SONT :

 

  •  « Tout ce que nous faisons avec les chevaux n’a aucun sens dans leur monde à eux »

 

Cela implique :

  •  D’être très clair et très précis lors d’un apprentissage :

  •  D’accompagner psychologiquement le cheval car l’exercice est absurde pour lui et pourrait générer du stress ou de l’angoisse

  •  De ne pas faire « subir » un exercice au cheval, mais d’amener le cheval à l’exercice, ce qui est très différent

 

  •  « Il faut replacer le cheval au centre des apprentissages, et non pas les exercices. »

 

Cela implique :

  •  De travailler à partir de ce que le cheval sait ou peut faire, pour aller vers ce que l’on voudrait qu’il réalise.

  •  De bannir le travail « à l’usure » où le cheval perd sa curiosité et son intérêt, donc son attention, avec des ressentis émotionnels qui deviennent négatifs.

  • « Les chevaux n’ont pas tous la même appréhension de leur schéma corporel »

 

Cela implique :

  •  De leur faire ressentir corporellement le nouveau geste à effectuer

  •  D’y associer leur conscience, donc leur regard, pour qu’il puisse l’intégrer

  •  D’envisager quelques exercices préparatoires si nécessaire

 

  •  «La création d’un climat de confiance entre le cheval et l’humain facilite les apprentissages »

 

Cela implique :

  •  De prendre un temps pour la création du lien avec le cheval

  •  D’installer une ambiance agréable et sympathique qui donne au cheval l’envie de partager des activités avec nous

 

  •  « Les chevaux se créent des images mentales positives ou négatives de ce qu’ils vivent avec les humains »

 

Cela implique :

  •  D’accorder de l’attention aux ressentis émotionnels du cheval

  •  D’agir pour favoriser et installer des émotions positives lors des apprentissages

  •  D’ouvrir la conscience du cheval à la notion de réussite autonome qui peut générer du plaisir

 

  •  « Le cheval a une activité cérébrale et pense en permanence, sa pensée doit être canalisée et concentrée avant d’entreprendre un apprentissage »

 

Cela implique :

  •  D’obtenir sa réactivité mentale immédiate

  •  De pouvoir contrôler et maintenir son écoute et son attention

  •  De s’assurer de sa concentration par l’obtention et l’orientation de son regard

 

  •  «  La conscience des apprentissages permet au cheval d’effectuer ensuite les exercices en autonomie »

 

Cela implique :

  •  Un travail approfondi du regard du cheval et d’ouverture de son espace visuel car l’écoute seule ne suffit pas

    •  Lorsque le cheval est seulement dans l’écoute, il fonctionne alors aussi avec ses ressentis, son imaginaire ou ses souvenirs, ce qui peut l’emmener dans du stress ou des incompréhensions. Lorsqu’il regarde ce qu’il fait, il se concentre sur ce qui se passe et en prend conscience.

    •  L’espace visuel correspond à la zone dans laquelle un cheval est capable de mobiliser son regard pour le fixer sur soi ou sur un élément qui lui aura été indiqué. Cet espace visuel du cheval est plus ou moins ouvert selon les formatages qu’il a subi, les interdits qui lui auront été appliqué, mais aussi de son physique qui limite la mobilité de la tête et de l’encolure.

  •  Des apprentissages évolutifs par actions progressives et bien décomposées : un seul apprentissage à la fois par exercice (cela n’empêche pas l’apprentissage de plusieurs exercices dans la même séance), présenté au maximum 5 ou 6 fois, sans recherche de résultat immédiat :

    •  le cheval a besoin de temps pour comprendre ce qui lui est présenté

    •  il réfléchit entre deux séances

    •  l’intégration des apprentissages est cependant très rapide et durable dans le temps

 

 

La voix, c’est la nôtre : elle nous appartient, elle est personnelle, elle est unique. Elle crée un lien très particulier avec le cheval qui la reçoit. On y met automatiquement qui on est, avec nos forces mais aussi nos faiblesses, et aussi notre sensibilité, notre émotivité, notre stress, nos hésitations, nos doutes, etc… Mais on peut aussi y mettre volontairement tout ce que l’on veut transmettre au cheval, de la tendresse, de la joie, de l’humour, nos intentions, nos sentiments, et tout cela le cheval le reçoit extrêmement bien, bien au-delà des mots qui ne sont que les messagers de ce que nous sommes.

bottom of page